Chenilles processionnaires
Les chenilles processionnaires sont de retour. D’ailleurs à la faveur des températures constatées durant nos hivers récents, il est plus que probable que la chenille ne soit jamais partie de nos contrées.
A la sortie de l’hiver qui s’est achevé sur un constat de douceur assez peu courant, la nature est déjà prête en ce début mai à reprendre le cours du long fleuve tranquille qui l’avait porté jusqu’à la fin d’automne.
Les lentes processions se mettent en route sous la conduite d’une femelle. La distance parcourue par ces colonnes de chenilles peut atteindre 40 à 50m à la recherche d’un endroit ensoleillé propice à l’enfouissement dans le sol.
Cette chenille est la larve d’un papillon de nuit nommé » Thaumetopoea pityocampa « . Elle fait partie de l’ordre des Lépidoptères, de la famille des Notodontidae et de sous-famille des Thaumetopoeinae.
Stades de développement
Le cycle biologique de cet insecte est annuel. On peut le présenter schématiquement en 8 étapes :
- A partir de mi juin, un soir d’été, les papillons de la processionnaire sortent de terre. Mâles et femelles s’accouplent, puis les mâles meurent un ou deux jours après.
- La femelle s’envole et dépose entre 70 et 300 oeufs sur les aiguilles de pin. Puis elle meurt à son tour.
- Les chenilles éclosent 30 à 45 jours après la ponte. Elles se nourrissent avec les aiguilles du pin, et sont reliées entre elles par un fil de soie.
- Au cours de leur croissance, les chenilles changent de couleur et se couvrent de plus en plus de poils (jusqu’à 1 million).
- Les chenilles construisent un abri en soie en automne, sur la branche d’un pin. Elles passent l’hiver dans cet abri, et ne sortent que la nuit pour entretenir leur nid et se nourrir.

- Au printemps, la colonie conduite par une femelle quitte l’abri et se dirige vers le sol. C’est la procession de nymphose : toutes les chenilles se tiennent les unes aux autres et se déplacent en longue file. Une file peut compter quelques centaines de chenilles. Au bout de plusieurs jours, elles s’arrêtent dans un endroit bien ensoleillé et s’enfouissent dans le sol.

- Deux semaines plus tard, toujours dans le sol, les processionnaires tissent des cocons individuels et se transforment en chrysalides. Elles restent dans cet état pendant plusieurs mois (ou parfois plusieurs années selon les régions).
- Au bout de quelques mois, chaque chrysalide se métamorphose en papillon, toujours sous la terre. Et puis, un soir d’été, les papillons sortent de terre…

( données issues de : FRANCE CHENILLES )
Facteurs régulant la colonie
- -16°C : au-dessous de ce seuil, c’est toute la colonie qui meurt.
- 0°C : température nocturne minimale de l’air pour que les chenilles, qui ne se nourrissent que la nuit, sortent de leur nid.
- +9°C : température diurne minimale dans le nid pour que les chenilles puissent en sortir la nuit suivante. Ce seuil est appelé température d’activation.
- +32°C : température estivale au-dessus de laquelle les colonies peuvent être durement affectées.
( données INRA )
A contrario les schémas inverses favorisent son développement
Ce qui est tout à fait la tendance climatique actuelle dans nos régions
Habitat privilégié
Les résineux en général, les pins, et les mélèzes dans une moindre mesure
Les chenilles se nourissent des aiguilles. Les pontes sont d’ailleurs accrochées aux aiguilles
Les feuillus sont mieux épargnés bien que l’on trouve des processionnaires du chêne ( Thaumetopoea processionea ).
Les bouleaux semblent quant à eux offrir une barrière naturelle à l’extension des colonies.
Le réchauffement climatique aidant, l’implantation occupe les 3/4 de la france.
Soit une ligne de front qui s’étire en arc de cercle de Brest à Besançon en passant par la Seine & Marne.
La toxine thaumétopoéine contenue dans les soies ( forme de harpon microscopique ) provoque des brûlures et démangeaisons
A signaler que les expositions répétées à la toxine ne garantissent pas une immunité… bien au contraire
Protection active : ne pas les toucher !!
Protection passive : plus difficile à anticiper car les poils urtiquants et les soies des nids se déplacent à la faveur des vents sans perdre en nocivité.
Etre plus vigilant lors de déplacements sous un couvert résineux en présence avérée de nids dans les arbres, voir éviter la zone
Les moyens d’éradication totale ayants été soit déboutés par leur nocivité pour des espèces voisines, soit de mise en oeuvre trop contraignante, nous ne citerons ici qu’à titre informatif l’utilisation de xxxxxx par épandage héliporté
Sont préférés aujourd’hui les moyens tendant vers une mise sous contrôle de la population.
S’y cotoyent les pièges à phéromone, les pièges lors de la migration (descente du tronc vers le sol ) , les barrières de bouleaux ( expérimental ) l’implantation de mésanges ( friandes de chenilles )

Quelques communes se sont dotées d’arrêtés municipaux poussants les propriétaires et locataires à agir contre le fléau.
( voir la suite ici )
Une conclusion ou des perspectives ??
Non, il n’y aura pas de conclusion, seules les conditions climatiques actuelles laissent à croire que la progression va se poursuivre vers le nord.
A tel point qu’elle est devenue la marqueur climatique de référence du Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC)
En forêt de Fontainebleau, les plantations de résineux gagnants du terrain, il y a lieu de penser que les chenilles ont sûrement de beaux jours devant elles…
Webographie pour aller plus loin sur le sujet
- http://www.inra.fr/Grand-public/Sante-des-plantes/Tous-les-dossiers/Processionnaire-du-pin-une-chenille-sous-haute-surveillance/Chenille-processionnaire-du-pin-les-dangers-d-une-larve-urticante/%28key%29/3
- http://www.tl2b.com/2016/02/2016-sera-telle-lannee-des-chenilles.html
- http://chenilles-processionnaires.fr/chenille-processionnaire-du-pin.htm
- http://documentation.ehesp.fr/memoires/2006/ase_igs/rap_9_chenilles.pdf